Indice de réparabilité : quel impact sur l’achat de produits plus réparables ?
Publié le 07 décembre 2023 par Mission "Innovation publique"
La DITP a été sollicitée par le Commissariat général au développement durable (CGDD) afin d’évaluer l’indice de réparabilité entré en vigueur le 1ᵉʳ janvier 2021, et de déterminer si cet indice favorise l'achat de produits plus réparables.
Evaluation d'impact de l'indice de réparabilité
PDF (3 273.4 Ko) - Dernière mise à jour le 7 décembre 2023
TéléchargerUne étude pour mesurer l’impact de l’indice de réparabilité (IR) sur l’achat de produits plus réparables
L'indice de réparabilité, entré en vigueur le 1ᵉʳ janvier 2021, vise à mieux informer les consommateurs sur le caractère plus ou moins réparable de leurs achats, à les orienter vers des articles plus réparables et à les inciter à recourir davantage à la réparation en cas de panne. Alors qu'il doit évoluer en un indice de durabilité courant 2024, la DITP a été sollicité par le Commissariat général au développement durable (CGDD) pour déterminer son impact dans les choix des consommateurs pour 4 catégories de produits soumis à l'indice : télévisions, smartphones, ordinateurs portables (PC) et lave-linges à ouverture hublot. Est-ce que le consommateur a pris en compte l’indice de réparabilité lors de ses achats ? Est-ce que les fabricants s’en sont saisis pour améliorer leurs pratiques ?
Seuls 40%
des produits électroniques et électriques en panne seraient réparés chaque année (ADEME, 2023).
Indice de réparabilité (IR) : des effets positifs pour les 4 catégories de produits étudiées
L’étude de la DITP a été réalisée sur un sous-ensemble de données de vente (en ligne et en magasin) de 2 distributeurs majeurs entre janvier 2020 et décembre 2022.
Quatre résultats ont été identifiés, démontrant une évolution dans les pratiques d'achat des consommateurs :
- Un effet positif, mais non statistiquement significatif, de l'introduction de l'indice sur les ventes de produits réparables par rapport aux produits moins réparables. Une nette hausse a ainsi été constatée dans la vente des produits plus réparables, mais que celle-ci ne peut être attribuée avec suffisamment de confiance à la seule introduction de l'indice.
- L'introduction de l'indice a eu un effet positif et statistiquement significatif sur les ventes de produits plus réparables en ligne, et un effet positif (mais non significatif) sur ces produits vendus en magasin.
- Les deux distributeurs étudiés ont vendu des produits de plus en plus réparables, et ce, dans des proportions plus importantes que les produits moins réparables.
- Depuis l’introduction de l’indice, les notes des produits augmentent, ce qui souligne les effets positifs du côté de l’offre proposée aux consommateurs avec de nouveaux modèles de plus en plus réparables .
Pris ensemble, ces résultats témoignent d’un cercle vertueux : l’indice favorise des changements de comportements de consommation en même temps qu’une évolution des produits mis sur le marché.
Une introduction de l’indice trop récente pour évaluer son impact sur la réparation effective des produits
L’étude n’a pas été en capacité de mesurer l’impact de l’indice sur la réparation effective des produits. En effet, l’introduction de l’indice (en 2021 pour certains produits puis à d’autres produits en 2022) est trop récente pour permettre une évaluation de son impact sur les pratiques de réparation.
Pour les acteurs interrogés dans le cadre de l’étude, l'impact de l'indice sur la réparation est d’ailleurs susceptible de se heurter à des préférences des consommateurs pour remplacer plutôt que réparer — et ce particulièrement pour certains produits. Les produits multimédia (TV, smartphones…) seraient particulièrement remplacés, alors que le gros électroménager serait plus souvent réparé.
Ainsi, à l'échelle européenne, ce serait, en effet, jusqu'à 69% des smartphones qui seraient remplacés pour d'autres raisons que d'être irréparables, contre 31% des lave-linges (Van de Berge et al., 2021).
Prochaine étape : vers un indice de durabilité pour 2024
Le ministère de la transition écologique souhaite renforcer cette dynamique positive en faisant évoluer l’indice de réparabilité vers un indice de durabilité dès 2024 pour certains produits, tel que le prévoit la loi (AGEC). Ce nouvel indice de durabilité sera plus complet : en plus de réparabilité, il prendra notamment en compte la robustesse des produits et leur facilité d’entretien.
Cette évolution est particulièrement attendue par les consommateurs - plus de 80% d’entre eux estiment que lors de l’acte d’achat la durabilité est un critère de choix très important, parfois même avant celui du prix.
Pourquoi faire appel aux sciences comportementales ?
Les sciences comportementales permettent de mieux comprendre les mécanismes de décisions des individus, leurs attentes ou leurs pratiques. L’objectif est de proposer des solutions adaptées aux comportements humains, notamment en testant et en évaluant, pour permettre une mise en œuvre effective des politiques publiques.