Développer les parcours de prévention en santé via les plateformes numériques

Publié le 18 juillet 2023 par Equipe Sciences comportementales

La DITP a été sollicitée par la délégation ministérielle au numérique en santé (DNS) et la Caisse nationale d’Assurance Maladie (CNAM). L’objectif : inciter les personnes à s’inscrire dans un parcours de prévention via les plateformes digitales de santé.

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Prévention en santé - recommandations pratiques de communication numérique

PDF (2 240.1 Ko) - Dernière mise à jour le 31 août 2023

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Les sciences comportementales : un levier efficace pour changer les comportements en santé

Dans le domaine de la santé, les sciences comportementales ont démontré leur efficacité pour encourager le recours aux dispositifs de dépistage, l'activité physique ou encore éviter les prescriptions systématiques d'antibiotiques.

Plusieurs biais comportementaux et préférences limitent en effet la capacité et la motivation des individus à s’inscrire dans un parcours de prévention en santé :

  • D’une part, la tendance des individus à attribuer plus de valeur aux gains immédiats plutôt qu’aux bénéfices futurs (préférence pour le présent) qui mène à sous-estimer l’impact de la prévention sur la santé future ;
  • D’autre part, la tendance des individus à sous-estimer la probabilité d’événements négatifs (biais d’optimisme) qui mène à sous-estimer le risque de tomber malade.

Ces  barrières comportementales freinent le recours à certains dispositifs tels que le dépistage et les consultations de prévention en santé.

Pour faire face à ces constats, l’équipe sciences comportementales de la Direction interministérielle de la transformation publique (DITP) a formulé plusieurs recommandations concrètes en matière de communication numérique afin de permettre aux plateformes digitales de santé d’accroître la motivation et l’intention des individus et d’encourager le « passage à l’action » en faveur de la prévention.

Agir aux 4 étapes clés de la prise de décision

L’étude recense les leviers comportementaux les plus pertinents à intégrer aux plateformes digitales de santé pour inciter l’engagement des individus dans un parcours de prévention en santé. Les recommandations tirées peuvent s’appliquer à plusieurs types de comportements : adopter une alimentation plus saine, réduire sa consommation d’alcool et de tabac, augmenter sa pratique d’activité physique, etc.

Les 4 étapes clés identifiées :

  • La personne doit s'intéresser au message,
  • Elle doit décider d’agir sur la base de ce message,
  • Elle doit ensuite prendre rendez-vous,
  • Enfin, elle doit se rendre à son rendez-vous. 

Des freins potentiels sont susceptibles d'empêcher les individus d’aller au bout de chacune de ces quatre étapes. La personne peut, par exemple, juger une information comme trop complexe, ne pas se sentir concernée ou à risque, être découragée par les coûts immédiats ou être distraite par d’autres priorités.

Les plateformes digitales sont susceptibles d’offrir des fonctionnalités de nature à réduire ces freins. Cela suppose, néanmoins,  de tester les leviers d’action pour les adapter au comportement réel des individus.

À chaque étape, des leviers d’actions inspirés des sciences comportementales pour lever ces barrières

L’équipe sciences comportementales de la Direction interministérielle de la transformation publique (DITP) recommande des recommandations de pratiques de communication numérique pour chacune des 4  étapes identifiées.

  • Étape 1 : face au flux d’informations, les plateformes numériques doivent s’assurer que les communications sont vues, lues, comprises et retenues par les individus.

Les leviers d’action à mettre en œuvre sont de 4 ordres : simplifier les textes, personnaliser les communications, s’appuyer sur l’effet messager et cibler le moment opportun.

Pour les plateformes digitales de santé, la personnalisation peut, par exemple, se traduire par des conseils personnalisés prenant en compte l’âge, le sexe, ou les habitudes (consommation de tabac, d’alcool, fréquence de l’activité physique). Ces recommandations peuvent également être mises en avant dans le cadre de suggestions de lecture, sur des sujets correspondant au « profil » individuel de l’internaute.

  • Étape 2 : pour prendre la décision d’agir, les individus doivent se sentir concernés par les informations qu’ils reçoivent et avoir une bonne perception de la prévention. 

Pour l’étude, les leviers d’action à mettre en œuvre sont de 5 ordres : fixer des objectifs, lever les craintes des publics cibles, cadrer les messages, utiliser des incitations et mettre en avant les normes sociales.

Pour lever ces freins, les plateformes digitales de santé peuvent, par exemple, donner aux utilisateurs la possibilité de se fixer des objectifs de santé concrets (par exemple : me sentir mieux, faire plus d’activité physique, prévenir des maladies, etc.), mettre en avant les avantages immédiats de la consultation ou tirer profit de l’impact des normes sociales pour augmenter la motivation à agir (par exemple, en indiquant qu'un nombre important de personnes effectuent déjà le dépistage conseillé).

  • Étape 3 : les plateformes numériques doivent encourager les personnes à prendre rendez-vous.

Pour cet objectif, l’étude propose 5 leviers d’action : utiliser la saillance, réduire les coûts de friction, combler l’écart entre intention et action et mettre en place des choix par défaut.

Les plateformes peuvent s’assurer, par exemple, que la fonctionnalité « réserver une consultation » figure en bonne place dans les menus utilisateurs ou que les informations relatives aux examens et consultations soient bien visibles sur le tableau de bord du patient.

19,3 %

de rendez-vous médicaux ne sont pas honorés en Europe (Dantas et al, 2018).

  • Étape 4 : les plateformes doivent maximiser la probabilité que les individus se rendent à leurs consultations.

Pour réduire la non-présentation aux rendez-vous médicaux, il est notamment recommandé de demander aux personnes de signer virtuellement lorsqu'ils font une réservation. Une autre piste d’action serait d’inviter les individus à cliquer sur un bouton « Oui, je viens au rendez-vous » quelques jours avant la consultation.

Des solutions numériques sont, par ailleurs, préconisées comme, par exemple, la synchronisation de la date du rendez-vous avec les agendas numériques personnels du patient.

Des recommandations testées avec « Mon Espace Santé » sur le dépistage du cancer du sein

Dans le cadre du déploiement de Mon Espace Santé (MES), la Délégation ministérielle au Numérique en Santé (DNS) et l’Assurance Maladie ont souhaité explorer le potentiel de cette plateforme pour encourager l’adoption de comportements de  prévention en santé.

Une analyse des différents messages d’invitation au dépistage du cancer du sein via une version simulée de « Mon Espace Santé » a ainsi été réalisée.

Les messages ont été testés auprès de 2 394 femmes de 50 à 74 ans. L’expérimentation a permis d’évaluer le potentiel de prévention de la plateforme et de préconiser des usages plus performants des messages de prévention.

Rapport détection du cancer du sein - passer de l'intention à l'action

PDF (5 364.4 Ko) - Dernière mise à jour le 12 septembre 2023

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Les sciences comportementales permettent de mieux comprendre les mécanismes de décisions des individus, leurs attentes ou leurs pratiques. L’objectif est de proposer des solutions adaptées aux comportements humains, notamment en testant et en évaluant, pour permettre une mise en œuvre effective des politiques publiques.

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