Comment promouvoir une consommation raisonnée des antibiotiques grâce aux sciences comportementales ?
Publié le 21 avril 2022 par Equipe Sciences comportementales
La DITP accompagne le Ministère des Solidarités et de la Santé pour identifier, grâce aux sciences comportementales, des solutions pour limiter la surprescription d’antibiotiques.
Rapport final réduire la prescription d’antibiotiques en médecine ambulatoire
PDF (5 322.2 Ko) - Dernière mise à jour le 27 avril 2022
TéléchargerRéduire la consommation d’antibiotiques : une priorité en France
L’accroissement inquiétant des résistances bactériennes chez l’homme a conduit le Comité interministériel pour la santé à inscrire la maîtrise de l’antibiorésistance dans les priorités de sa feuille de route. Objectif : réduire de 25 % la consommation d’antibiotiques en santé humaine. L’antibiorésistance est en effet fortement corrélée au mauvais usage ainsi qu’à la surconsommation des antibiotiques.
5 500
décès par an en France sont liés à des infections dues à des bactéries multi-résistantes aux antibiotiques (ECDC, 2019)
En France, la consommation d’antibiotiques a baissé ces dernières années mais reste comparativement très élevée. En 2020, elle était plus de 25% supérieure à la consommation moyenne des pays de l’OCDE.
Une phase d’exploration réalisée avec le Ministère des Solidarités et de la Santé en partenariat avec la Cnam et le Collège de la Médecine Générale
A la demande du Ministère des Solidarités et de la Santé (MSS), l’équipe sciences comportementales de la DITP a été mobilisée pour mieux comprendre les pratiques des médecins généralistes et identifier la manière dont les retours qui leur sont faits (essentiellement par l’Assurance Maladie) peuvent les aider à améliorer leurs pratiques de prescription d’antibiotiques.
Le rapport de diagnostic présente une analyse des barrières comportementales contribuant à la surprescription. Il identifie les leviers comportementaux pouvant être mobilisés pour encourager les médecins à réduire leurs prescriptions d’antibiotiques.
Pr Céline Pulcini, infectiologue et cheffe de projet national à l’antibiorésistance au Ministère des Solidarités et de la Santé.Apporter des informations claires, permettant au médecin d’évaluer ses pratiques et le motivant à les améliorer est une action prioritaire de la stratégie nationale de lutte contre l’antibiorésistance.
Des recommandations et une expérimentation d’une des solutions proposées en région Grand Est
Le rapport propose plusieurs recommandations spécifiques à l’approche comportementale en complément des recommandations générales (améliorer l’information du grand public, développer des outils d’aide à la décision des médecins, délivrer les médicaments dans les quantités strictement prescrites…).
Une des propositions de l’équipe sciences comportementales de la DITP (« Refondre les profils prescripteurs ») va faire l’objet d’une expérimentation avec l’Assurance Maladie du Grand Est. Aujourd’hui, les médecins généralistes reçoivent chaque trimestre une visite d’un délégué de l’assurance maladie sur des thèmes spécifiques de santé publique. A cette occasion, les médecins reçoivent un profil prescripteur résumant le type de prescriptions faites l’année précédente. L’apport de la DITP a consisté à rendre ces profils plus accessibles, mais surtout plus incitatifs, avec des indicateurs plus lisibles et plus clairs quant aux actions qui peuvent être menées. L’objectif : apporter aux médecins des informations utiles à l’évaluation et l’amélioration de leurs pratiques.
Les prototypes ont été testés auprès de médecins de villes et de professionnels d’Ehpad de la région Grand Est en suivant une logique de parcours allant de la sensibilisation des personnes jusqu’à l’adoption de nouvelles pratiques. Un ensemble de maquettes allant de formats de communications initiales à des courriers et enveloppes dédiés ont ainsi pu être mis à disposition des services de l’Assurance maladie.
Cette intervention a rappelé la nécessité de conserver une logique expérimentale de confrontation aux réalités du terrain. Cela a été notamment le cas avec la question des « normes sociales », c’est-à-dire la comparaison avec des pairs : souvent très impactante en population générale, elle s’est avérée potentiellement contre-productive avec le corps médical.
Au fait, pourquoi faire appel aux sciences comportementales ?
Les sciences comportementales permettent de mieux comprendre les mécanismes de décisions des usagers, leurs attentes ou leurs pratiques. L’objectif est de proposer des solutions adaptées aux comportements humains, notamment en testant et en évaluant, pour permettre une mise en œuvre effective des politiques publiques.
Contacter l’équipe de la DITP : sciencescomportementales.ditp@modernisation.gouv.fr
Téléchargez également le rapport de diagnostic
PDF (2 279.0 Ko) - Dernière mise à jour le 21 avril 2022
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