Comment mieux protéger le consommateur des fraudes à l’achat en ligne ? La DITP mobilise les sciences comportementales

Publié le 22 décembre 2021 par Equipe Sciences comportementales

La DITP accompagne la DGCCRF pour réduire la vulnérabilité des consommateurs aux fraudes à l’achat en ligne. Grâce à l’apport les sciences comportementales, une simulation de site de vente en ligne a notamment été testée pour faciliter la prise de conscience chez les consommateurs.

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Sciences comportementales appliquées : mieux protéger le consommateur en ligne

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personnes par an font un achat en ligne qui n’est ensuite pas livré, ne correspond pas aux qualités ou quantités attendues, ou déclenche un coût supplémentaire imprévu pour le consommateur.

Une expérimentation d’hameçonnage (phishing) institutionnel

Pour contribuer à la lutte contre les fraudes à l’achat en ligne, l’équipe sciences comportementales de la DITP a imaginé et mis en œuvre avec la DGCCRF une expérimentation d’hameçonnage (phishing) institutionnel. Objectifs ? sensibiliser des populations singulièrement vulnérables aux risques encourus et tester des formes d’interventions pédagogiques permettant de promouvoir des bons réflexes.

Cette expérimentation a pris la forme d’un faux site de vente en ligne offrant à l’achat une machine à café. Annonce d’une vente privée, faux avis de consommateur, faux état de stock, prix anormalement bas, compte à rebours, publicité en ligne... un grand nombre de pratiques manipulatrices communément utilisées par les fraudeurs ont été utilisées pour influencer l’achat des consommateurs.

Nous avons imaginé une approche pour déclencher une prise de conscience chez les consommateurs. Le fait d'être sur le point de se faire « arnaquer » sert alors à créer un « moment d'apprentissage », au cours duquel les consommateurs sont plus susceptibles d’être réceptifs à un message de prévention.

Mariam Chammat, Directrice de projet "sciences comportementales" à la Direction interministérielle de la transformation publique

L’équipe sciences comportementales de la DITP a ensuite mené des tests pour identifier l’approche générant la prise de conscience la plus efficace chez les consommateurs :

  • Pour le 1er groupe test, les consommateurs ont été remerciés pour leur commande et informés qu’ils seraient contactés le jour de son expédition afin que leur paiement soit recueilli (ce groupe n’a été averti de la supercherie qu’à la fin de l’expérimentation).
  • Les consommateurs du 2e groupe test, après avoir été avertis qu’ils avaient  été exposés à une fausse annonce, ont été encouragés à faire plus attention et ont été redirigés vers des ressources consultables sur le site de la DGCCRF 
  • Enfin, les consommateurs du 3e groupe test, en plus d’être exposés aux informations et recommandations proposées au second groupe, ont pu suivre un module de formation en ligne leur donnant des clés supplémentaires pour se protéger.

 

Un potentiel prometteur pour réduire la vulnérabilité des consommateurs face aux fraudes en ligne

Les résultats de ce rapport sont encourageants : une fausse offre dans un environnement sécurisé, suivie d’un message de prise de conscience et d’exercices, peut mobiliser un grand nombre de consommateurs.

En se basant sur un diagnostic rigoureux des risques posés pour les consommateurs par certaines pratiques commerciales, l’approche comportementale offre des pistes aux acteurs de la protection du consommateur pour mieux outiller l’arsenal technique, et notamment juridique, mobilisé sur ces sujets. En effet, en objectivant des dimensions psychologiques des pratiques commerciales, les sciences comportementales permettent non seulement de mieux comprendre les pratiques des individus, mais sont également précieuses pour éclairer certaines pratiques commerciales exploitant, de manière plus ou moins licites, les contextes décisionnels (attention limitée, biais cognitifs etc.). C’est particulièrement le cas s’agissant du commerce en ligne, dont l’essor s’est accompagné d’un développement spectaculaire des « dark patterns », ces interfaces numériques malveillantes orientant insidieusement nos prises de décisions.

A l'heure où la Commission européenne, l’OCDE et la commission fédérale américaine du commerce (FTC) réfléchissent à leur position sur les « dark patterns », ces études expérimentales invitent à concevoir des environnements les plus protecteurs possibles, accompagnés d’actions de vigilance ciblées.

Pourquoi faire appel aux les sciences comportementales ?

Les sciences comportementales permettent de mieux comprendre les mécanismes de décisions des usagers, leurs attentes ou leurs pratiques. L’objectif est de proposer des solutions adaptées aux comportements humains, notamment en testant et en évaluant, pour permettre une mise en œuvre effective des politiques publiques.

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