Faire changer d’échelle les innovations : ensemble, accélérons !

Publié le 13 mars 2019 par Mission « Innovation publique »

Comment diffuser à plus grande échelle des innovations qui ont fait leurs preuves sur un territoire ? Quel rôle les acteurs publics ont-ils à jouer ? Une communauté de professionnels – issue des secteurs public et de l’économie sociale et solidaire – s’est formée au printemps 2015 pour répondre à ces problématiques, sous l’impulsion du SGMAP et du CGET. Le groupe de travail vient de publier son rapport.

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Diffuser les innovations sociales et publiques

Les innovations se multiplient dans le secteur public et le monde de l’économie sociale et solidaire. Au sein des ministères, des opérateurs de l’Etat et des collectivités, le mouvement se structure, avec la création de laboratoires, incubateurs, réseaux d’innovateurs, prix de l’innovation…

Reste une dimension peu prise en compte jusque-là : le changement d’échelle d’une innovation. Une fois que celle-ci a fait ses preuves sur un territoire, comment faire en sorte qu’elle profite à d’autres ? Comment la diffuser, la dupliquer sur d’autres territoires ou la transposer à d’autres secteurs ? Quel rôle pour les acteurs publics ?

C’est autour de ces questions que le secrétariat général pour la modernisation de l’action publique (SGMAP) et le commissariat général à l’égalité des territoires (CGET) ont lancé au printemps 2015 la démarche « changement d’échelle des innovations », avec deux champs de réflexion : la diffusion des innovations sociales et celle des innovations publiques. Un projet qui s’inscrit dans le cadre de Futurs publics, la communauté des praticiens de l’innovation publique animée par le SGMAP.

Qu’entend-on par « changement d’échelle » ?

Le changement d’échelle d’une innovation consiste à l’essaimer, la transférer à d’autres territoires, la transposer à d’autres secteurs, la diffuser… Cette mécanique concourt à renforcer et démultiplier l’impact d’initiatives qui ont fait leurs preuves à petite échelle.

Construire une ingénierie publique d’essaimage

Autour du SGMAP et du CGET s’est constitué en mai 2015 un groupe de travail rassemblant des professionnels d’univers très différents, issus des secteurs public (ministères, agences de l’Etat et collectivités locales) et de l’économie sociale et solidaire (associations, fondations d’entreprises…).

Ensemble, ils ont élaboré 10 propositions concrètes visant à fiabiliser et accélérer l’essaimage des innovations sociales et publiques, sur le long terme. Ces recommandations sont étayées dans un rapport, qui dresse également un panorama complet de la problématique et tire des travaux de l’économie sociale et solidaire les enseignements utiles aux acteurs publics. Ce rapport est accompagné d’une synthèse.

« Le groupe de travail pose notamment la question de la faisabilité et de l’opportunité de créer un dispositif public pérenne de soutien au changement d’échelle, note Benoît Landau, en charge de la démarche au sein du SGMAP.  Au niveau central, une ingénierie d’essaimage pourrait venir compléter la palette d’intervention des politiques sociales et territoriales. » Il émet également des pistes pour soutenir et outiller la capacité d’ingénierie de projets et d’expérimentation des agents des services déconcentrés.

Télécharger le rapport

PDF (3 574.8 Ko) - Dernière mise à jour le 10 juin 2021

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Télécharger la synthèse

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Le rapport « esquisse un changement de posture pour l’Etat sur ce sujet, qui devient à la fois accélérateur d’innovations, passeur de solutions entre les territoires, et innovant dans ses propres méthodes de conception de l’action publique », soulignent Laure de la Bretèche, secrétaire générale pour la modernisation de l’action publique, et Marie-Caroline Bonnet-Galzy, commissaire générale à l’égalité des territoires.

Insertion professionnelle, réinsertion des détenus, précarité énergétique… 4 expérimentations menées sur le terrain

Depuis octobre 2015, passage à la pratique avec le lancement d’une vague d’expérimentations. Objectifs : analyser des méthodes de changement d’échelle, testées sur des cas concrets, documenter ces processus, et affiner la question du rôle possible de l’Etat (central et déconcentré) dans le soutien de ces essaimages.

Le coup d’envoi a été donné à l’occasion de la Semaine de l’innovation publique, en octobre 2015, où une table ronde a présenté les premiers résultats du groupe de travail, et des « hold ups » (sessions de créativité ouvertes au public et animées par Make Sense - photo ci-dessus) ont apporté des premières réponses opérationnelles aux problématiques rencontrées par les porteurs de projets.

Jusqu’au printemps 2016, quatre projets sont ainsi accompagnés dans leur changement d’échelle. Tous relèvent de l’innovation sociale, sur des thèmes, des territoires et des types d’essaimage variés :

  • Plateforme de lutte contre la précarité énergétique : Ce projet initié par le centre communal d’action sociale (CCAS) de Grenoble vise à conseiller les habitants en situation de précarité énergétique. Menée avec l’union nationale des CCAS et l’agence nouvelle des solidarités actives (ANSA), l’expérimentation porte sur l’essaimage dans le réseau des CCAS, voire au-delà ;

 

  • Enerterre : Porté par le Parc naturel régional du Cotentin-Bessin, ce projet participatif de rénovation de maisons en terre, en impliquant leurs habitants (en priorité ceux aux revenus modestes), est innovant tant sur le plan technique qu’économique. L’objectif est de préparer son extension à d’autres territoires, en collaboration avec la fédération des parcs naturels régionaux ;
  • La ferme de Moyembrie : Cette ferme d’insertion de l’Oise accueille et emploie des personnes en aménagement de peine. Sa duplication est envisagée dans l’Aude, en coopération avec l’Avise et la fondation Macif. Au-delà, le changement d’échelle envisagé aboutirait à un programme national de fermes d’insertion, pour lequel des partenariats importants sont à obtenir ;
  • Cuisine mode d’emploi(s) : Ce centre de formation aux métiers de la restauration, créé par le chef cuisinier Thierry Marx, repose sur un modèle innovant de formation accélérée en 3 mois, et gratuite. Un changement d’échelle à la fois territorial (nouvelles antennes) et sectoriel (sur d’autres secteurs d’activité en tension) est envisagé.
  • En parallèle, le SGMAP poursuit la démarche portant sur la diffusion des innovations publiques. Un premier travail consiste à organiser le développement de projets récompensés dans le cadre de prix de l’innovation au sein de ministères, afin d’accroître l’impact de ces « micro-projets » qui améliorent l’administration.

> Consulter le rapport « Ensemble, accélérons ! » (pdf)

PDF (3 574.8 Ko) - Dernière mise à jour le 9 juin 2021

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