Comment mieux repérer les femmes victimes de violences conjugales ? L'apport des sciences comportementales

Publié le 21 novembre 2022 par Equipe Sciences comportementales

Près d’une femme sur 10 ayant vécu en couple pendant l’année écoulée a été en situation de violences conjugales au cours des 12 derniers mois. La Haute Autorité de santé (HAS) s’est associée à l’équipe Sciences comportementales de la DITP pour encourager l’engagement des professionnels de santé dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Objectif de la démarche commune : encourager les médecins à repérer d'éventuelles violences conjugales subies par les femmes, même en l’absence de signe d’alerte.

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Permettre aux médecins de mieux repérer les violences conjugales

PDF (3 256.3 Ko) - Dernière mise à jour le 22 novembre 2022

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Identifier les freins comportementaux qui empêchent le repérage systématique des violences conjugales

L’accompagnement de l’équipe sciences comportementales de la DITP auprès de la HAS fait suite à la publication par la Haute Autorité, en 2020, d'une recommandation de bonne pratique visant à renforcer l’implication des professionnels de santé dans la lutte contre ces violences et à favoriser le repérage des  victimes.

2 solutions testées pour améliorer le repérage des femmes victimes de violences

Avec l’appui des experts du Behavioural Insights Team (BIT), un état des lieux associant revue documentaire et étude qualitative a été réalisé. Il a conduit à expérimenter deux solutions auprès d’un panel de médecins généralistes : la mise à disposition d’une recommandation simplifiée, avec un regroupement drastique d’informations jusqu’ici très nombreuses et éparses, et celle d’un questionnaire de prévention, pouvant servir de guide d’entretien aux praticiens ou être mis à disposition en salle d’attente.

  • La recommandation simplifiée s’est avérée l’option la plus prometteuse, concourant de fait lors de l’expérimentation à une progression sensible des dépistages effectués (2,5 par semaine par médecin pour le groupe contrôle, 4,4 pour le groupe test).  Les conseils pratiques de cette solution ont été appréciés car ils offrent des pistes aux médecins généralistes pour dépister des violences sans froisser leurs patientes.
  • Le questionnaire de prévention a été moins utilisé que la recommandation car il requiert plus d’efforts et de temps de la part du médecin et de la patiente.

Les médecins ayant reçu la recommandation simplifiée et le questionnaire de prévention questionnent en moyenne deux femmes de plus par semaine, soit une augmentation de 76% du nombre de dépistages réalisés.  Ils sont également plus nombreux (27% contre 16% dans le groupe Contrôle) à déclarer une augmentation de la fréquence de dépistage dans leur pratique.

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C'est en moyenne le nombre de femmes en plus par semaine avec lesquelles les médecins participant à l'expérimentation ont abordé la question des violences conjugales.

Toutefois, malgré les solutions proposées, le sujet des violences reste difficile à aborder et plus de 4 médecins sur 10 rapportent ne pas être à l’aise avec le fait de questionner leurs patientes à propos des violences conjugales, préférant repérer de manière ciblée plutôt que systématique.

Prochaine étape : déployer nationalement la recommandation simplifiée

Cette expérimentation conçue et conduite par l’équipe sciences comportementales de la DITP ouvre des perspectives et possibilités nouvelles pour outiller les professionnels. Cet outillage doit toutefois s’accompagner d’un effort de pédagogie soutenu, afin de permettre aux médecins et patients de s’ouvrir à une expression plus libre.

La Haute Autorité de santé travaille actuellement sur le déploiement national de la recommandation simplifiée en vue d’une large diffusion à l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, le 25 novembre.