Comment clarifier les parcours vers l'emploi ?

Publié le 05 mai 2022 par Mission « Innovation publique »

Retour sur l’épisode 10 des "Mardis de l'Innovation", organisé par la DITP le 19 avril dernier, avec les regards croisés de Andres BEDOYA, chargé de mission « Innovation et facilitation », Ingrid SIZARET, chargée de mission « Appui au pilotage du Plan d'investissement dans les compétences » et Samia OGGAD, chargée de mission « Innovation sociale » à la DGEFP, Amaury DUBOT, chargé de déploiement pour beta.gouv, et la participation du Pôle design et de l'équipe « sciences comportementales » de la DITP.

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Comment mieux insérer les jeunes sur le marché du travail ? Comment permettre aux personnes les plus éloignées de l’emploi de bénéficier d’un accompagnement renforcé pour reprendre confiance en soi, se former et (re) trouver une activité professionnelle ?

Sciences comportementales et design de service peuvent à cet égard contribuer à clarifier les parcours vers l’emploi. Ces deux approches permettent, en effet, de gagner en impact en partant des besoins et des usages observés sur le terrain et en associant les bénéficiaires autour de solutions concrètes.

Mon Parcours Pro

Mariam CHAMMAT, Docteure en neurosciences cognitives et chef de projets « sciences comportementales » à la DITP, présente « Mon Parcours Pro » qui a pour objectif d’améliorer la motivation et l’autonomie des jeunes dans leur parcours vers l’emploi. Créée en collaboration et co-construction avec des conseillers et des jeunes de la mission locale de Paris, l’application s’appuie sur de nombreux leviers comportementaux et implique un très grand nombre de parties prenantes.

Les barrières comportementales sont accompagnées de barrières culturelles : par exemple, certains jeunes ont des attentes trop basses d’eux-mêmes et/ou de la mission locale, ou des attentes trop élevées et déconnectées de la réalité qui peuvent mener à une perte de motivation. Le projet permet de suivre les jeunes ; il enlève une charge cognitive pour les conseillers qui peuvent voir l’ensemble d’un parcours, se focaliser sur certains profils qui ont un besoin plus fort, dialoguer avec toutes les personnes accompagnées, féliciter les jeunes pour leur réalisation. »

Mariam CHAMMAT, Docteure en neurosciences cognitives et chef de projets « sciences comportementales », DITP

Sophie de ROUILHAN, de l'équipe « sciences comportementales » à la DITP, évoque l'importance d'inciter les demandeurs d’emploi à se fixer des objectifs puisque le chômage perturbe le rythme de vie et l’équilibre psychologique, notamment par le stress ou la perte de sommeil, ce qui altère la motivation dans la recherche d’emploi. 

Des chercheurs ont donc émis un questionnaire simple pour les demandeurs d’emploi afin de leur permettre de se fixer des objectifs. Le questionnaire a été testé sur environ 700 jeunes. 1 an plus tard, 54% des jeunes questionnés ont trouvé un emploi contre 46% pour les personnes n’ayant pas effectué la démarche de fixation d’objectif. »

Sophie de ROUILHAN, l'équipe « sciences comportementales », DITP

Nicolas BEAUVAIS, de l'équipe « sciences comportementales », DITP, rappelle que la formulation à elle seule a des répercussions importantes sur la perception qu’ont les demandeurs du poste.

Aux Etats-Unis, une offre pour un emploi d’agent de police est reformulée en mettant en avant son aspect challenge. L’intention est de contrer l’effet de menace du stéréotype qui consiste à se conformer inconsciemment aux stéréotypes associés à son profil (genre, âge…). Cette reformulation a permise de tripler le nombre de candidatures notamment issues de minorités et de femmes. »

Nicolas BEAUVAIS, de l'équipe « sciences comportementales », DITP

Amaury DUBOT, chargé de déploiement beta.gouv, présente les projets « rendez-vous insertion » et « carnet de bord ». Le projet RDV insertion est une application en ligne permettant la prise de rendez-vous d’orientation pour l’entrée dans le parcours d’insertion par les bénéficiaires du RSA. Le projet Carnet de bord permet un suivi partagé par les administrations du dossier d'une personne en insertion ; la coordination des professionnels de l'insertion permet notamment de prévenir les ruptures de parcours.

En permettant de choisir le lieu et créneaux de leur convenance, on a observé chez les demandeurs d’emploi une forte réduction du taux d’absentéisme et une accélération de l’entrée dans le parcours. Les personnes sont responsabilisées et réellement actrices de leur parcours. C’est aussi un gain de temps pour le département. Le Carnet de bord évite, quant à lui, de proposer plusieurs fois les mêmes rendez-vous. Ceci enlève de la lassitude à la fois pour les bénéficiaires et pour les agents. Ces deux projets mobilisent de la co-construction, avec par exemple des ateliers utilisateurs qui ont permis de tester les outils et d'améliorer les interfaces finales. »

Amaury DUBOT, chargé de déploiement beta.gouv

Andres BEDOYA, chargé de mission « Innovation et facilitation » et Samia OGGAD, chargée de mission « Innovation sociale » à la DGEFP présente le lab créé au sein de la direction pour permettre d’accompagner des appels à projets d’expérimentation comme l’appel à projet 100% Inclusion et l’appel à projet Intégration professionnelle des réfugiés.

Toutes les parties prenantes sont impliquées dans les projet pour permettre une complémentarité. Nous avons, grâce au Lab et au suivi des appels à projets, fait la bascule entre un état financeur-évaluateur à un état financier, facilitateur et apprenant. »

Andres BEDOYA, chargé de mission « Innovation et facilitation » et Samia OGGAD, chargée de mission « Innovation sociale, » DGEFP
Comment clarifier les parcours vers l'emploi ?

Les mardis de l'innovation

Chaque premier mardi du mois, la Direction interministérielle de la transformation publique propose des rencontres en ligne pour décrypter les grands enjeux de l'innovation publique avec des penseurs, experts, intellectuels, et des professionnels qui agissent sur le terrain.

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