3 questions à Camille LAKHLIFI et Mathilde MUS, auteures de « L'approche comportementale dans tous ses Etats : exemples internationaux d'interventions en politiques publiques »

Publié le 05 février 2020

Conseils, méthodes, coulisses, c'est le principe des "3 questions à...". Court, simple et dynamique, un format pour revenir concrètement sur un projet en donnant la parole aux agents de la DITP qui l'ont porté.

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3 questions à Camille LAKHLIFI et Mathilde MUS, auteures  de « L'approche comportementale dans tous ses Etats : exemples internationaux d'interventions en politiques publiques »

Catalogue présente des exemples concrets de projets réussis a l’étranger grâce a l’approche comportementale. pourquoi ce catalogue et comment s’est effectué le choix des exemples ?

Camille Lakhlifi : Il y a quelques mois, nous avons publié un guide méthodologique qui explique quelles sont les étapes clés lorsque l'on mène un projet de sciences comportementales appliqué aux politiques publiques. Les managers publics ont encore parfois l’image de quelque chose d’assez gadget, d’assez rapide à mettre en place : à la DITP, on pousse vraiment vers la mise en place d’une méthodologie rigoureuse, et cela prend du temps ! Nous avons pensé qu’il serait intéressant d’illustrer le guide méthodologique par différents exemples d’utilisation des sciences comportementales sous la forme d’un catalogue avec des fiches classées par thème : santé, environnement etc. Les exemples ont été choisis de telle sorte qu’ils soient emblématiques : connus et reconnus dans le monde des sciences comportementales, représentant à peu près tous les champs de politiques publiques. Il était aussi essentiel pour nous de montrer la diversité et l’étendue des applications : non seulement dans les pays développés, mais aussi au sein des pays en voie de développement. Enfin, ces exemples représentent différents leviers de sciences cognitives mobilisables dans les politiques publiques et surtout, ils ont été choisis pour leur robustesse : l’expérimentation qui a été mise en place pour évaluer leur impact est de qualité et approuvée par la communauté scientifique.

Comment utiliser ce catalogue et que peut-il apporter aux managers et agents publics ?

Mathilde Mus : Ce recueil ayant été pensé pour illustrer la méthodologie, il représente aussi pour les décideurs publics une banque d’exemples incroyable qui pourraient être importés et transposés pour mener à bien des projets en France en utilisant les mêmes leviers. Néanmoins, un point de vigilance : il n’est pas toujours possible de répliquer à l’identique un projet, et il existe des contextes dans lesquels certaines interventions ne vont pas marcher voire même auront des effets négatifs, alors qu’elles ont fonctionné dans un autre pays. Tout l’intérêt de ce catalogue est d’analyser la recherche académique sur le comportement, d’aller voir ce qui a déjà été appliqué sur le terrain en France et à l’international, puis de tester une intervention à petite échelle avant de la déployer afin de ne pas subir des effets que l’on n'avait pas anticipés : c’est ce qu’on appelle l’effet cobra (voir encart) ! Notre devise à la DITP : « Adapter et tester ».

De quelle facon la DITP insère-t-elle ses travaux sur les sciences comportementales dans cette dynamique internationale ?

Mathilde Mus : Nos équipes travaillent en partenariat avec la BIT (Behavior Insights Team) au Royaume-Uni, pionnière dans ce domaine, dont certains exemples figurent dans le catalogue. Nous collaborons aussi avec l’Agence d’Innovation Comportementale (AIC), un consortium de chercheurs basé en France qui nous accompagnent sur d’autres projets. En France, on perçoit un réel intérêt pour les sciences comportementales dans la conception de politiques publiques et une adhésion de plus en plus forte des acteurs publics sur ces thématiques. Nous animons d’ailleurs une communauté sciences comportementales grâce à laquelle nous essayons de diffuser cette approche. Nos équipes au sein de la DITP reçoivent, par ailleurs, de nombreuses sollicitations extérieures qui nous demandent de les accompagner et de les aiguiller sur leurs projets de transformation publique.

L’effet cobra, ou les conséquences imprévues des politiques publiques

L’effet cobra, également appelé « effet rebond », se produit lorsque la mise en œuvre d’une action ayant pour but de résoudre un problème provoque un effet inattendu qui aggrave le problème originel. C’est un terme utilisé pour illustrer le fait que les modèles économiques ainsi que les politiques publiques ne prennent pas toujours en compte la finesse des mécanismes psychologiques.

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